L’aquabiking et le diabète possèdent un rapport complexe. Oui et non ! La complexité vient souvent d’une méconnaissance. Nous avons cherché à comprendre comment ce lien fonctionnait. Une mise au point nécessaire.
Épidémie du 21e siècle, le diabète est souvent traduit par une augmentation anormale due taux de glucose dans le sang dû à un manque ou à une absence totale de sécrétion d’insuline ou à une mauvaise utilisation du glucose par le corps. Dans le traitement de cette maladie, on retrouve donc l’insuline. Cette hormone, sécrétée par le pancréas, a pour mission de faire pénétrer le sucre dans le sang. Elle empêche ainsi la glycémie de monter au cours du repas en provoquant le passage du glucose dans le sang pour fournir l’énergie aux muscles et au cerveau. Mais pour bien comprendre cette maladie, il faut distinguer le diabète de type 1 de celui de type 2.
Deux types de diabète, des traitements et des rapports à l’activité physique différents
A voir aussi, l’article « Aquabiking et diabète » publié le 19 mai 2014 : http://www.lessentieldelaquabiking.fr/aquabiking-et-diabete/
Insulinodépendant
Le diabète de type 1 appelé aussi insulinodépendant est, comme nous l’explique le professeur Jean-François GAUTIER, responsable du Centre universitaire du Diabète et de ses Complications (CUDC) de l’hôpital Lariboisière, «celui de l’enfant ou de l’adulte jeune, dû à une destruction complète des cellules bêta au niveau du pancréas qui sécrète l’insuline».
Le malade se retrouve donc obligé de remplacer entièrement la fonction de la cellule bêta en s’injectant de l’insuline. Au repos, les muscles ont besoin d’insuline pour capter les glucides. À l’effort, ils en ont moins besoin. C’est pour cela que les diabétiques qui ne modifient pas leur dose d’insuline font des hypoglycémies à l’effort.
Le diabète de type 1 est différent de celui du type 2 et sa problématique avec la pratique d’une activité sportive n’est pas non plus la même.
Le diabétique insulinodépendant va devoir apprendre à atteindre son équilibre entre la pratique d’un sport, l’insuline dont son corps a besoin et sa consommation de glucose
Le professeur GAUTIER nous explique qu’il faut comprendre ici ce qu’il se passe chez le non-diabétique. L’insuline, qui empêche la production de glucose par le foie, s’effondre au début d’un effort afin que les sportifs ne fassent pas d’hypoglycémies. Les muscles ont besoin de capter ce glucose produit par le foie pour faire face à la l’effort. Chez le non-diabétique, le corps agit tout seul. Le diabétique de type 1 ne bénéficie pas ces régulations. Il est donc obligé de s’auto-réguler pour ne pas être en hypoglycémie ou en hyperglycémie, s’il diminue trop sa quantité d’insuline. L’aquabiking peut devenir dans ce cas un élément d’instabilité glycémique !
Plus heureux
Dans le diabète de type 2, qui concerne 90 % des diabétiques, la maladie survient généralement après l’âge de 55 ans. Elle est essentiellement due au rythme et à l’hygiène de vie du malade : une «sédentarité» et une «obésité abdominale» pour reprendre les termes du professeur GAUTIER.
À l’inverse du type 1, le problème ne vient pas du pancréas mais du taux de graisses dans le sang
On le comprend vite, ici le rapport à l’aquabiking est un autre problème. Son absence peut justement être le problème, et sa pratique devenir un traitement. Le diabète de type 2 n’est pas une fatalité. Pour le professeur et les autres médecins du Centre universitaire du Diabète, le plus important ici est la pédagogie, l’enseignement d’une bonne hygiène de vie passant par une alimentation saine et surtout la pratique d’une activité physique. Le rapport entre l’aquabiking et le diabète de type 2 n’est pas aussi complexe que pour le type 1 ; l’aquabiking est ici au cœur du traitement du diabète !
Corps à connaître
L’aquabiking n’est donc pas incompatible avec le diabète. Pour le diabétique insulinodépendant, la complexité va se trouver dans l’instabilité glycémique créée par la pratique de l’aquabiking. Cette dernière va nécessiter un équilibre et une connaissance de son corps.
Avant un effort, le diabétique de type 1 va devoir mesurer sa glycémie en diminuant ses doses d’insuline et/ou en augmentant sa consommation de glucides. Il est facile pour le diabétique de gérer ses doses d’insuline lorsqu’il connaît ses heures de séance d’aquabiking.
À l’inverse, lorsqu’il se retrouve à devoir pratiquer l’aquabiking alors qu’il a déjà injecté son insuline, il va devoir compenser par une augmentation des apports énergétiques, notamment en glucides. Le professeur le répète alors, «une activité physique programmée et régulière aide à gérer son besoin d’insuline !»
Rien d’1-possible
Si l’aquabiking et le diabète ne sont pas incompatibles, la pratique d’un sport à haut niveau est aussi possible !
Nicolas LEFRANÇOIS, cycliste professionnel de l’équipe Novo Nordisk, est diabétique depuis l’âge de 6 ans. Comme pour beaucoup de diabétiques de type 1, il a appris très jeune à gérer ses injections d’insuline. «Un enfant va s’injecter une certaine dose d’insuline avant d’aller à l’école. S’il a 2 heures de sport, il va réduire son insuline ou prendre un en-cas. Pour nous, c’est exactement pareil sauf que le sport est notre métier.» Ensuite, l’habitude vient. La connaissance et la gestion vont être essentielles pour gérer sa maladie, la pratique de son sport et atteindre le haut niveau.
Son coéquipier, Charles PLANET, nous le confirme : «la quantité est très différente entre un jour de repos et un jour où l’on va rouler six heures. Du simple au double ! Tout cela, on le gère avec l’expérience». Et face à l’adversité d’une pratique sportive, face à un adversaire ou à des kilomètres, on se retrouve à égalité. «Finalement, on n’est pas différent des autres. On mange les mêmes choses. On agit comme eux», conclut Charles.
Interview avec des cyclistes professionnels
Une équipe de cyclistes professionnels entièrement constituée de sportifs diabétiques a vu le jour en 2012, la team Novo Nordisk. Un beau symbole de réussite de ces athlètes atteints par la maladie et un espoir pour tous les jeunes diabétiques de type 1… et pour les parents souvent inquiets.
Novo Nordisk est une équipe uniquement constituée de diabétiques. Quelle image renvoie-t-elle ?
Nicolas LEFRANCOIS : L’image de l’équipe est de montrer que les diabétiques peuvent aussi faire de grandes choses. On peut avoir une activité sportive et devenir professionnel. Des personnes viennent nous voir pour nous poser des questions sur la maladie. Ce sont surtout les parents inquiets. J’essaie de répondre comme je peux car je ne suis pas médecin. Mais je suis content de pouvoir donner des conseils.
Avez-vous le sentiment de véhiculer un message d’espoir ?
Charles PLANET : Notre slogan qui apparait sur le maillot de l’équipe est Changing Diabete®. Cela veut tout dire ! Dans les prochaines années, l’équipe va monter en puissance et montrer à tous que l’on peut réussir au plus haut niveau.
Auriez-vous un message pour tous les jeunes diabétiques de type 1 ?
N. L. : J’ai envie de leur dire de ne pas se décourager, ni se laisser abattre par la maladie. On est obligé de faire des efforts pour apprendre à gérer la maladie. Du coup, on apprend très tôt à gérer l’alimentation et l’effort physique. Il faut se servir du diabète comme d’une force et non le voir comme un handicap.
Nicolas, vous avez été diabétique puis cycliste. Pensez-vous que vous seriez devenu professionnel si vous n’aviez pas eu cette maladie ?
N. L. : Je me pose souvent la question. Au lieu de me dire, «J’aurais été meilleur si je n’avais pas été diabétique. », je me dis « Aurais-je eu la même volonté de réussir si je n’avais pas été diabétique. »
Par Gaëtan LEFEVRE